Pour voir la version PDF: Article Echo de Frontenac 5 mars 2021
Possédant près de 133 560 hectares de forêt productive, soit deux fois et demie la superficie de l’île de Montréal, ils sont près de 1 800 propriétaires forestiers sur le territoire de la MRC du Granit.
Ensemble, ils ont mis 203 000 mètres cubes de bois en marché en 2019, l’équivalent de près de 2 100 voyages de bois rond destiné aux usines de sciage, de pâtes et papier et de bois de chauffage dans la région pour une valeur des ventes de près de 12,3 M$. Les retombées économiques du bois mis en marché par ces propriétaires de la MRC s’élèvent à plus de 98 M$ pour l’économie québécoise dans son ensemble. C’est la deuxième MRC en Estrie en termes de volume de bois mis en marché, car les propriétaires de la MRC du Granit sont actifs et s’occupent de leurs boisés.
Loin d’épuiser la capacité de la forêt de la MRC qui produit deux fois plus de bois, année après année, que ce que les propriétaires récoltent de façon durable, la faune, la flore et toute la biodiversité forestière qu’elle comporte ont tout l’espace nécessaire pour en faire une forêt dynamique, saine et variée.
En effet, en parcourant les principales routes de campagne de la MRC ainsi qu’en nous rendant au sommet du mont Mégantic, nous sommes à même de constater toute l’importance du couvert forestier régional. Le chasseur, le pêcheur, le randonneur, le plaisancier, le photographe naturaliste et tout aimant de la nature y trouveront de belles forêts en santé dont les plus belles ont été entretenues par leurs propriétaires de boisés.
Le propriétaire forestier est aussi le gardien des services écologiques que rend son boisé à toute la société. Que ce soit les milieux humides, si importants pour la qualité de nos cours d’eau et de nos lacs, que pour les habitats fauniques, le propriétaire forestier de la région est sensible à conserver tous les attributs particuliers de son milieu forestier. Il sait s’entourer de professionnels qui pourront l’aider dans la prise de décision quant à la gestion de sa forêt.
Ce sont eux aussi qui fournissent le matériau le plus écologique et renouvelable qui soit : le bois. Que ce soit pour la construction des habitations de ses concitoyens ainsi que pour leur besoin en papier, en produits sanitaires ou hygiéniques fabriqués à partir d’une matière 100% naturelle, il permet de séquestrer des gaz à effet de serre durant la période de son utilisation, comparativement à tous ces produits compétiteurs qui nécessitent énormément de combustible fossile que sont les plastiques, le béton ou l’acier. Il constitue incontestablement, encore aujourd’hui, le matériau renouvelable le plus intéressant écologiquement à tous les niveaux.
Comme plusieurs consommateurs l’ont remarqué, la récente pandémie ayant encouragé grandement les travaux de rénovation et de construction en Amérique du Nord, le prix des matériaux en bois en quincaillerie a explosé depuis mai 2020 avec des pénuries importantes de diverses composantes.
Malgré ces augmentations spectaculaires des prix du bois de construction, les fournisseurs de la ressource première que sont les propriétaires forestiers n’auront pas vu leurs revenus augmenter de façon significative pour leur produit en bois rond.
En effet, les industriels auront augmenté leurs bénéfices de façon substantielle sans en faire profiter les propriétaires de boisés ainsi que les gens qui travaillent pour eux et qui ont aussi souffert de la dernière crise forestière.
Le Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec tente depuis 2017 de changer le mode de mise en marché en Estrie pour permettre aux propriétaires d’obtenir une meilleure répartition des revenus des bois de sciage dans le sapin et l’épinette pour tous les propriétaires du territoire.
En effet, les propriétaires forestiers ont décidé de négocier collectivement avec les industriels forestiers. Certains s’opposent farouchement à tout changement. C’est le cas de Domtar inc. et de certains entrepreneurs en récolte.
Les propriétaires forestiers doivent maintenant être solidaires et travailler ensemble au bien commun de tous en s’unissant pour que tous leurs efforts de sylviculture soient reconnus.
Ils continuent à aménager de façon durable leur forêt avec conviction, et sont tournés vers l’avenir, car ils ne sauraient admettre qu’ils ne puissent un jour profiter pleinement de la prospérité qu’ils ont contribué à créer à partir de leurs ressources.
Il faut souligner que le prix du bois résineux payé aux propriétaires forestiers a constamment diminué depuis les 20 dernières années en tenant compte de l’inflation, et ce malgré deux périodes de grande prospérité pour les industriels en 2018, en 2020 et depuis le début de 2021.
Une meilleure répartition des revenus permettrait de plus grands investissements dans l’aménagement et dans la santé de notre forêt régionale et profiterait à l’ensemble des producteurs, des transformateurs, des entrepreneurs en récolte, des transporteurs et tous les intervenants de la chaîne d’approvisionnement.
Les gardiens de nos paysages forestiers méritent plus de considération. Il est important de les soutenir dans leur démarche.
Émery Bélanger
Vice-président du SPFSQ